Avis d'un professeur d'art plastique sur l'artiste.
Sylvo Zoungrana
Quand il nous parle de sa peinture, Sylvo mentionne immédiatement son attrait pour le surréalisme. Si celui-ci est perceptible dans son travail, ce n'est pas par hasard. Déjà, il a découvert une analogie entre l'esprit surréaliste et celui des pratiques fétichistes, surnaturelles, de ses traditions ancestrales, celles qui impressionnent l'enfant au village. C'est aussi son intérêt pour le corps humain qui explique cette référence précise : ses représentations énigmatiques, à partir de sa connaissance de l'anatomie, mais aussi de la perception qu'il a du corps de l'autre, ce corps qu'on ne respecte pas toujours.
Inscrit dans son temps, il fait appel aux faits de société liés au corps : la corruption, la prostitution, ces maladies que l'on pourrait éviter d'attraper…
Sylvo est donc un artiste engagé, et le domaine sexuel est central dans sa peinture. Un désir propre d'abord, le plaisir de représenter le corps sexué, mais aussi un appel à plus de liberté sexuelle et de compréhension : on ferait sans doute moins d'erreurs sans tabous – mais Sylvo n'encourage pas pour autant le vagabondage ou la pornographie. D'ailleurs sa peinture est tout sauf pornographique.
Sa technique, il l'applique en toute conscience : la peinture à l'huile lui permet de fines retouches à volonté, mais surtout ce rendu lisse qui est celui d'une peau huilée, lubrifiée, en sueur peut-être, en un mot d'une peau sexuée.
Dans ses dernières séries, des motifs de pagnes lui servent pour installer les corps sur la surface, et des parties restant visibles, à l'instar de Sigmar Polke, apportent une dimension brusquement réaliste, comme les architectures graphiques en surimpression sur les corps, qui font allusion aux habitations ouagalaises.
la peinture de Sylvo, est une peinture assez atypique en Afrique de l'ouest, et réellement nouvelle au Burkina Faso.
Pierre Garel, plasticien